Le château de Maruoka au Japon

Blotti sur une colline surplombant la petite ville de Sakai dans la préfecture de Fukui, le Château de Maruoka est une perle de l’architecture japonisante et se distingue non seulement par sa beauté, mais aussi par son histoire fascinante et ses légendes envoûtantes.

Histoire et architecture du château de Maruoka

Construit en 1576 par Shibata Katsutoyo, le neveu du célèbre général Oda Nobunaga, Maruoka adopte le style hirayama. À cette époque, la forteresse servait de garde-fou stratégique contre les rebelles Ikko Ikki. Le château de Maruoka arbore une douve pentagonale, rare et unique en son genre, qui renforce son allure incomparable, surtout à l’heure des cerisiers en fleurs, lorsque les Yoshino se mettent à éclore en mars et avril.

Pendant quatre siècles et plus, Maruoka demeure un symbole de l’héritage historique de Fukui. Sa principale tour de garde, ou tenshu, faisant partie des douze dernières tours de château construites avant l’époque d’Edo, a mérité, en 1950, la distinction de « Propriété culturelle importante du Japon ».

L’histoire du château est également marquée par un tremblement de terre dévastateur en 1948, qui a provoqué l’effondrement de la tour de garde. Toutefois, grâce aux efforts passionnés des habitants et aux donations de tout le pays, elle fut reconstruite en 1955 en réutilisant 70 % des matériaux d’origine.

Lorsqu’il s’agit de visiter la tour du château, l’accès peut sembler ardu : il faut grimper deux escaliers particulièrement escarpés en chaussons pour protéger les sols historiques. Ceux qui relèvent le défi sont récompensés par une vue imprenable sur la ville de Sakai depuis le troisième étage du tenshu. Et pour les passionnés de légendes, un proverbe local raconte que l’ennemi qui approche est dissimulé par un épais brouillard, renforçant encore la magie du lieu.

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Légendes et sacrifices : le mythe de O-shizu

Une des histoires les plus saisissantes associées au Château de Maruoka est celle d’O-shizu, une pauvre veuve aveugle d’un œil, qui accepta de devenir un pilier humain pour assurer la stabilité de la construction du château. En échange, Katsutoyo devait adopter son enfant et en faire un samouraï. Malheureusement, Katsutoyo dut quitter la région avant d’accomplir sa promesse, et les habitants croient depuis que les sanglots et regrets d’O-shizu sont à l’origine des inondations annuelles de la douve au printemps.

Une stèle commémorative érigée à sa mémoire porte l’inscription poignante d’un poème : « La pluie qui tombe quand vient la saison de la coupe des algues rappelle les larmes de la pauvre O-shizu ». Cette histoire non seulement ancre le château dans les traditions locales, mais illustre aussi la richesse de son patrimoine narratif.

Une forteresse aux caractéristiques uniques

Outre la légende intrigante, Maruoka se distingue par des éléments architecturaux exceptionnels. Contrairement à sa structure externe à deux étages, la tour en comporte en réalité trois, le premier servant d’appui pour les autres niveaux sans soutien supplémentaire entre eux. Des escaliers d’une inclinaison extrême de 65 à 67 degrés relient les étages. La particularité la plus marquante, cependant, réside dans son toit en tuiles de pierre locale, shakudani, unique en son genre et pesant jusqu’à 120 tonnes, deux fois plus que les toits traditionnels en tuiles.

Au-delà de l’architecture, l’ingéniosité militaire se manifeste par des dispositifs défensifs tels que des fenêtres destinées à jeter des pierres sur les assaillants et des ouvertures pour tirer des flèches ou des balles. Ces détails témoignent de l’époque tumultueuse de la sphère médiévale japonaise, où les châteaux étaient conçus comme des bastions imprenables.

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Un symbole de résilience

La renaissance du Château de Maruoka après le séisme de 1948 est un témoignage éloquent de la détermination des habitants à préserver leur héritage. En réutilisant une grande majorité des matériaux d’origine et en intégrant des technologies modernes, le château aujourd’hui combine tradition et innovation, devenant ainsi un monument de la persévérance humaine.

Pour les passionnés d’histoire en voyage au Japon, le musée du parc Kasumigajo, installé dans les anciennes terres du château, expose des armes, armures et artefacts liés aux seigneurs du château, les familles Shibata, Honda et Arima, marquant profondément les annales de Maruoka.

Événements et festivités

Le château ne dort jamais. Toute l’année, des événements ponctuent la vie de Maruoka. En avril, le festival des cerisiers en fleurs métamorphose le parc en un paysage féerique, illuminé par 300 lanternes en papier le soir. En octobre, le festival du vieux château de Maruoka ramène les visiteurs à l’époque des samouraïs, avec des parades de guerriers en armures et des représentations de danses traditionnelles.

Autour du château de Maruoka

Les environs de Maruoka sont tout aussi imprégnés de culture et de mémoire. Le musée des Messages du Cœur expose des lettres réfléchies et émouvantes, mettant en lumière les préoccupations et l’amour des auteurs, dont une missive poignante de Honda Shigetsugu à sa femme. Ce lieu unique offre un aperçu rare de la vie des habitants de cette époque.

Le Musée d’Histoire et des Traditions de Maruoka, inauguré en 1978 pour marquer le 400e anniversaire du château, conserve les objets précieux associés aux lords de Honda et Arima, tels que des armures et des documents anciens. Ce musée est une mine d’or pour ceux qui cherchent à comprendre les histoires et les traditions qui ont façonné la région.

Maruoka, avec son château de légende, ses festivités et ses musées, est bien plus qu’un site historique ; c’est un voyage à travers le temps, une immersion dans le riche passé du Japon et une célébration de la résilience humaine.

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